17 février 2019
Quand fissuration rime avec consternation
Cette histoire se déroule dans un nouveau développement résidentiel où les maisons jumelées poussent comme des champignons. L’entrepreneur peine à suivre la cadence effrénée à laquelle les chantiers évoluent, mais comme les clients sont pleinement satisfaits, la motivation est au rendez-vous.
Par un beau matin d’été, pelles et brouette en main, les premiers clients à avoir emménagé dans le quartier s’apprêtent à entamer fièrement l’aménagement paysager de leur nouvelle propriété. C’est ainsi qu’ils constatent la présence d’une fissure dans le mur de fondation.
Ne sachant trop quoi en penser, ils décident d’examiner les quatre façades. Après une rigoureuse inspection, il s’avère que les murs présentent quelques fissures localisées en plein centre du bâtiment en façades avant et arrière.
Curieux et légèrement inquiets, les pionniers du quartier décident de partir en croisade et d’inspecter les autres bâtiments. Consternation! Presque tous comportent le même type de fissuration au centre, en façades avant et arrière. Une seule explication est plausible dans l’esprit de nos inspecteurs du dimanche : les bâtiments s’enfoncent! Ne faisant ni une ni deux, ils alertent le voisinage et la panique s’installe.
Notre entrepreneur peine à leur expliquer que « tout est normal, c’est le béton qui réagit quand il sèche ». Bien qu’il ait en partie raison, dans un tel contexte, vaut mieux appuyer ses allégations. De plus, deux conclusions peuvent expliquer la présence de ce type précis de fissuration sur cette typologie de bâtiment.
Le béton est un matériau à base de granulats, de ciment et d’eau qui se solidifie selon un taux d’hydratation préalablement calculé. Ainsi, lorsqu’exposé à l’air sec, il subit des transformations volumétriques, lesquelles occasionnent ce que l’on nomme couramment fissures de retrait. On estime que 30 % du retrait se produit dès les premiers mois suivant l’exposition du béton à l’air sec, c’est pourquoi l’apparition des fissures causées par le retrait se manifeste si tôt. De plus, il faut attendre environ un an avant que le phénomène ne cesse.
Par sa nature, le béton travaille bien en compression alors que sa résistance à la traction est beaucoup plus faible. Dans le cas présent, le mur extérieur est soumis à une contrainte appliquée perpendiculairement, forçant un effet de traction ponctuel et concentré, et par conséquent, provoquant la fissuration (voir schéma 1).
Bref, il n’est pas anormal pour ce type de bâtiment de constater la présence de fissures à ces endroits—rencontre du mur mitoyen et des murs extérieurs—, d’une part en raison du changement volumétrique du béton lors du séchage et, d’autre part, en raison du comportement mécanique du matériau comme tel.
Règle générale, ces fissures seront de nature capillaire, c’est-à-dire que leur largeur ne dépassera pas 1/8’’ (3mm). En présence d’une telle fissure, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. Toutefois, il est suggéré aux propriétaires de la surveiller afin de s’assurer qu’elle demeure inactive et qu’elle ne permette pas l’entrée d’eau.
Vous voulez connaître l’autre explication possible? Rendez-vous dans deux semaines pour la prochaine chronique!
Source : Infolettre du 15 juin 2016 de l’APCHQ
http://www.apchq.com/centreduquebec/fr/infolettre-15-juin-2016.html